Nom de Code : Enigma

Nom de code : Enigma

There and back again, a hobbit's tale by...er non...Non, ce n'est pas ça du tout.
Mon histoire ne concerne pas des petits êtres aux pieds velus mais des grands méchants barraqués qu'on appelle militaires, ou alors de petits chauves à lunettes toujours perdus derrière des montagnes de chiffres, des mathématiciens sous la houlette des services secrets qui aident notre beau pays à jouer tout seul dans son coin, sans être embêté par des voisins encombrants. Et nan c'est pas vrai®, je n'ai aucun préjugé.

Alors là, j'en vois qui rigolent doucement derrière leur écran en se demandant quelle mouche m'a piquée, moi pauvre petite lettreuse, de vouloir évoquer une matière somptueuse qui me dépasse largement, fumiste que je suis. Ceux-là n'ont manifestement pas compris l'intérêt hautement littéraire qu'on peut trouver dans mon sujet : le cryptage.

Canal +, et tellement plus encore :

Le cryptage, pour faire simple, c'est comme une boîte de chocolats...non, c'est comme Canal +.
Le monde se divise en deux catégories : les intelligents et les crétins ou aussi ceux qui ont le décodeur et qui peuvent voir les films, ceux qui n'ont pas de décodeur et qui se retrouvent face à un bruit rapidement aussi désagréable que la voix de quelqu'un que je connais et qui, en plus, n'ont pas les images (et des fois, un son sans images c'est ultra-stressant, ceux qui ont vu Tesis savent de quoi je parle. Ce qui me fait penser, bien que cela n'ait rien à voir, enfin un peu quand même, qu'un de ces quatre, faudrait que je poste mon article sur ce chef d'oeuvre du cinéma espagnol).

Bref, avoir le décodeur, c'est carrément plus mieux si on veut comprendre quelque chose.
Ben, dans le cryptage militaire, secret, résistant, c'est pareil : le message initial est transformé à partir d'un code qui doit, en théorie (et en pratique si on veut que cela soit efficace) n'être déchiffrable que par le destinataire. Cela sous-entend immédiatement que ce code-là :

AV AC TNEMMOC TULAS

est complètement nul. Seul le Da Vinci Code peut prendre trois chapitres à le comprendre. En effet, n'importe quelle personne qui a, comme moi écrit de droite à gauche dans son enfance, ou qui possède un cerveau (notez qu'on peut cumuler les deux) repère immédiatement qu'un miroir a priori inoffensif viendra à bout de ce pseudo-code. Ouais là vous vous dites que c'est évident car la phrase est courte.

Erdnerpmoc a eliciffid sulp tnemehcav ares ec eugnol sulp esarhp enu sirce j is rus neib.

(Ah oui, faut pas mettre les accents, sinon c'est un peu trop repérable).
Mais en fait, non, ce n'est pas plus difficile à comprendre. Pour corser l'affaire, vous pouvez prendre la même phrase et supprimer les espaces, ce qui donne :

Erdnerpmocaeliciffidsulptnemehcavareseceugnolsulpesarhpenusircejisrusneib.

Et là, j'avoue, c'est plus pénible.
Cela dit, vous êtes tout de même un rigolo. Il ne faudra pas plus de 10s à quelqu'un d'expérimenté pour casser cela.
Si la phrase est bénigne, vous vous en fichez comme de vos résultats d'ENS. Si vous êtes en temps de guerre, que ce message indique le lieu, l'heure et les participants de la prochaine réunion de votre mouvement de résistance et qu'il tombe aux mains de vos opposants, vous pouvez dire adieu à la vie. Auquel cas, on s'en fiche nettement moins. Et si vous voulez infiltrer un forum (mais qui voudrait faire ça, franchement), mieux vaut également être discret.

C'est pourquoi, les mathématiques, les nombres jouent un rôle essentiel dans l'art du cryptage (si, si, il s'agit d'un art, croyez-moi). Les services secrets aiment repérer les petits génies qui disparaissent un jour dans la nature, et réapparaissent muets comme un pot de fleurs. LA référence en la matière est la NSA américaine, la National Security Agency (ouais par contre, leur nom, ils l'ont pas crypté...), chargée de la cryptographie à Washington. (D'ailleurs, je viens d'écrire le sigle, ça y est ils m'ont repérée et...arrrrrrrrrgh...). On ignore le nombre exact de ses effectifs, ou le budget qui lui est alloué. A côté de ça, X-Files et le Prieuré de Sion font figure de scarabées dans un combat de chevaux de traits. Elle possède d'énormes ordinateurs, les meilleurs moyens d'écoute (satellites, bateaux à antennes, fourmis -ah non, pardon-, avions blindés de détecteurs) et peut même vous entendre discuter au téléphone avec un copain. Mais elle ne le fait pas.Hein ? HEIN ? HEIN ? hmmm...

La recette du cryptage

Si vous cumulez une fonction et un algorithme, vous obtenez ?
Quelque chose que je ne comprends pas. D'accord...
Essayons de faire simple. Vous avez besoin de deux ingrédients principaux :
-une fonction de cryptage
-une clé
Soyons pédagogues. Vous voulez faire passer le message suivant :

Tu nous emmerdes avec ton article
Rien de plus simple. Vous convertissez ce message en chiffres (en prenant pour l'instant a=1, b=2 etc.) et vous supprimez les espaces, naturellement. Cela donne :

20 21 14 15 21 19 5 13 13 5 18 4 5 19 1 22 5 3 20 15 14 1 18 20 9 3 12 5.

Ouais, et ? Ca nous avance à quoi ? Eh bien pour l'instant, à rien.

Maintenant, choisissez un mot, qui sera votre clé. Mettons..."article".
A présent, la fonction va entrer en jeu. Votre fonction est ici une addition. Mais pas du genre si j'ai trois choux et deux carottes, combien ai-je de légumes ? Nan, cela n'a d'importance que si vous voulez faire un ragoût. D'ailleurs maman fait très bien le...Enfin reprenons...

Il vous suffit d'appliquer votre fonction, c'est-à-dire d'additionner votre message à votre clé répétée autant de fois que nécessaire :

clé = article = 1 18 20 9 3 12 5

message = Tu nous emmerdes avec ton article.

traduction en chiffres = 20 21 14 15 21 19 5 13 13 5 18 4 5 19 1 22 5 3 20 15 14 1 18 20 9 3 12 5

+ clé = 1 18 20 9 3 12 5 1 18 20 9 3 12 5 1 18 20 9 3 12 5 1 18 20 9 3 12 5

Résultat = 21 39 34 24 24 31 10 14 31 25 27 7 17 24 2 40 25 12 23 27 19 2 36 40 18 6 24 10

Er...mais y a que 26 lettres dans l'alphabet (sauf dans le mien où des fois il n'y en a que 25)...Pas de problème, vous retranchez 26 à tout ce qui dépasse. Au final, on obtient :

21 13 8 24 24 5 10 14 5 25 1 7 17 24 2 14 25 12 23 1 19 2 10 14 18 6 24 10.

C'est-à-dire :

U M H X X E J N E Y A G Q X B N Y L W A S B J N R F X J.

Tadaaaaaaam. "Tu nous emmerdes avec ton article" devient
"umhxxejneyagqxbnylwasbjqrfxj".

Beaucoup moins compréhensible non ? ^^
Pour déchiffrer cela, votre correspondant a besoin de connaître à la fois la clé et la fonction (qui sont donc définies à l'avance).
Il ne lui reste plus qu'à inverser.
umhxx etc. est transformé en chiffres auxquels on retranche la clé :

21 13 8 24 24 5 10 14 5 25 1 7 17 24 2 14 25 12 23 1 19 2 10 14 18 6 24 10.

-clé :1 18 20 9 3 12 5 1 18 20 9 3 12 5 1 18 20 9 3 12 5 1 18 20 9 3 12 5

=20 -5 -12 15 21 -7 5 13 -13 5 -8 4 5 19 1 -4 5 3 20 -11 14 1 -8 -6 9 3 12 5

Er ouais mais y a des chiffres négatifs là ? Right. Observateur. Votre collègue a retranché 26, vous faites donc l'inverse en ajoutant 26 à tous les chiffres négatifs. Le résultat final est donc :

20 21 14 15 21 19 5 13 13 5 18 4 5 19 1 22 5 3 20 15 14 1 18 20 9 3 12 5.

Et vous voilà retombé sur votre message initial.
Si votre suite de lettres incompréhensible est interceptée, la personne comprendra certainement qu'il s'agit d'un code, mais pour le casser je lui souhaite bon courage...

Cette technique est valable pour les codeurs en herbe. L'idéal est de trouver une clé aussi longue que votre message (ou en tout cas la plus longue possible), ce qui réduit les répétitions de lettres.
Il semblerait que le fait de retrancher 26 dans la conversion s'appelle : calculer la somme «modulo 26». As they wish...Tout ce que je sais, c'est que j'ai connu de très loin (heureusement pour moi) un amateur de cassoulet qui aimait à dire : « c'est rigolo les modulos hein ?».

Vous pouvez vous amuser en changeant les lettres de l'alphabet aussi. J'ai dit que A=1. Mais A peut être égal à 5, auquel cas A devient E et on décale tout comme ça et paf ça fait des chocapics, ou plutôt un double-code qui est de facto plus complexe. Dans ce cas, vous commencez par transformer vos lettres grâce au sortilège lettramorphi ou plutôt en continuant votre décalage. « Salut » devient « wepyx ». Seulement, là vous êtes toujours en sous-maternelle du codage car avec la récurrence des lettres, vous êtes grillé en 20s. Pas plus. Comme le temps qu'il faut à cryofarma pour détruire la verrue. Sur cette métaphore subliminatoire, je cumule les systèmes. Vous avez fait bouger vos petites lettres, bravo, quel génie. Donc maintenant vous choisissez un mot, et vous pompez, pompez, pompez... et aussi recommencez ce que je décrivais plus haut (addition...).
Votre correspondant doit donc avoir votre mot et savoir que A=5=E. Qui a dit incompréhensible ?
Ouais 'videmment, moi je pratique depuis quelques mois maintenant, donc ça me paraît d'une simplicité conciliesque, er enfantine voulais-je dire.

En 1976, des chercheurs d'IBM améliorent ce système en créant le DES « Data Encryption Standard ». Et c'est ici qu'intervient le zentil algorithme dont je vous parlais et que je ne comprends toujours pas. Le DES s'amuse avec le texte de départ en lui imposant seize opérations successives (mélange des nombres, découpages, trucs comme ça). Cela requiert une machine...et de toute façon, parait que les messants de la NSA, eh ben, ils réussissent à casser ça. Pas de bol.

Et c'est reparti...Courage, vous pouvez tout lire (allez, y a la moitié de débilités..)

Enola Gay, you should have stayed at home yesterday

Non ne m'enfermez pas tout de suite en voyant les paroles de cette chanson. Il y a une logique (enfin ma logique à moi qui bizarrement n'est jamais celle des autres...) L'algorithme dont je vais parler maintenant servait encore en 2002 à protéger les codes nucléaires des USA et de la Russie. Des génies, qui possèdent la faculté de prendre n'importe quelle apparence, comme Jarod, ont trouvé un truc complètement imparable, appelé RSA, du nom de ses fondateurs Ralf, Princesse Sarah et Anastasia, et aussi Rivest, Shamir et Aderman. Mais j'y ai rien compris. Donc je vous l'épargne.
En fait, en gros, il s'agit de crypter un message avec une clé toujours. Sauf que la clé qui vous sert à décrypter n'est pas la même que celle qui vous a servi à crypter. Autrement dit, vous pouvez connaître la clé de cryptage mais cela ne vous avance à rien du tout si vous n'avez pas la clé de décryptage. Avant, la fonction utilisée était dite « réversible », comme une crêpe, elle fonctionnait dans les deux sens. Dorénavant, on parle de « fonction-trappes ». Elles vous font descendre, c'est gentil à elles. Mais seul celui qui dispose de l'échelle de corde pourra remonter. Re-pas de bol.
Elles reposent sur ces chieurs de nombres premiers fascinants. Multipliez deux nombres premiers entre eux. Eh bien, à partir du produit obtenu, parait que vous ne pouvez pas retrouver les deux nombres premiers utilisés. C'est pas moi qui le dis, c'est Science et Vie. Moi je m'amuse juste à crypter selon mes capacités. Et les Maths, ça n'en fait pas partie.

Seul hic, toi petit matheux derrière ton écran, qui se fout de ma gudule depuis le début, tu ne peux pas non plus utiliser ce code. Tout simplement parce que là, on entre dans les hautes sphères du calcul intersidéral. En bref, faut pas prendre 6 et 4 comme nombres premiers. D'une part, je vous l'accorde, parce que 6 et 4 ne sont pas des nombres premiers. Mais aussi parce que pour que le code soit efficace, chaque nombre premier choisi doit être très grand. Genre 100 chiffres chacun...(soit dix milliards de milliards de milliards répétés onze fois -toujours selon Science et Vie...) Votre résultat comptera donc 200 chiffres...Have fun. C'est ce dernier qui va servir au cryptage.
Le temps que votre ennemi s'arrache les cheveux ou la peau du crâne, s'il est petit chauve à lunettes, pour trouver les deux nombres que vous avez multipliés à l'aide de supers ordinateurs dopés dont seules les agences gouvernementales puissantes peuvent disposer, il se sera écoulé plus de temps que vous n'en avez besoin.

Pour les vrais tarés accrocs et aussi accros aux Maths, z'avez qu'à aller faire un tour ici. Personnellement, je suis allée vomir tant ça m'a rappelé des mauvais souvenirs.
Gérard de Nerval, y a que ça de vrai !

L'Histoire à la rescousse

Les codes existent depuis des siècles. Certains peuvent paraître ridicuuuuuulement simples à l'heure actuelle mais révolutionnaient leur époque.
Les Spartiates pour commencer, enroulaient une bandelette (de cuir, parchemin, ce que vous voulez) autour d'un bâââââââton (autrement appelé «scytale»). Ils écrivaient leur texte sur cette bandelette et la déroulaient du bout de bois. Ainsi, les lettres s'en trouvaient mélangées. Un bâton de même diamètre était nécessaire pour lire le message.
J'ai fait l'expérience avec un stylo-plume, ça marche aussi. C'est dire...

petite image pour mieux comprendre (je fais les choses bien hein ?)



Toujours pendant l'Antiquité, apparut le « Carré de Polybe ». Il est le premier à remplacer des lettres par des chiffres. « A » devient « 1.1 », « b » devient « 2.1 » etc. Pour cela on établit un tableau (ou un carré en l'occurrence, d'où son nom, je sais, c'est fascinant) :


1.5 4.3 5.4 3.4 3.1 4.3 2.3 5.3 2.4 5.1 3.3 5.1 5.5 ?
En anglais, le "i" et le "j" se confondent, comme dans mon exemple. En français c'est le "v" et le "w". Sinon, il manque une case. Ah et puis, naturellement on peut s'amuser en mélangeant les lettres. Après tout, pourquoi on devrait toujours garder le même ordre ?

Jules César avait, quant à lui, décidé d'intervenir directement dans l'alphabet en décalant les lettres de trois cases. Ainsi «a» devenait «d», «b» donnait «e» etc. Dorénavant, tout système consistant à agir de cette façon porte le nom d'«alphabet de Jules César», si, si je vous jure.

Je vous épargne « Le chiffre des Templiers » parce qu'il me faudrait des croix de l'Ordre pour expliquer et qu'en plus, il va bientôt faire nuit et j'aime pas l'hiver, ni les Templiers.

Passons à l'ami Américain, Jefferson (oui, le président). Tom (Riddle) eut l'idée d'enfiler plusieurs roues autour d'un axe commun (le cylindre de Jefferson) . Chaque roue comporte l'alphabet complet dans le désordre sur sa circonférence. En tournant les roues, on peut reproduire une phrase avec les lettres qui s'affichent sur une ligne prédéfinie. Il suffit ensuite de sélectionner les lettres d'une ligne parallèle et de les envoyer. La personne qui les reçoit tourne les roues pour obtenir cette suite de lettres et en regardant sur l'axe, elle finit par trouver la phrase initiale. Nan, ne dites rien, je sais, c'est vachement plus clair quand on a un schéma sous les yeux.

Allez jvous jure, c'est bientôt fini...Et puis bon, z'êtes pas obligé de tout lire de toute façon. ^^

Enigma

Ma préférée, que j'ai donc gardée pour la fin (comme quand vous avez dans votre assiette un truc que vous n'aimez pas mais que vous serez obligé d'ingurgiter et quelque chose que vous aimez, vous gardez le meilleur pour la fin, logique. Nan c'est pas vrai, je pense pas qu'à bouffer.) : Enigma.



La machine de cryptage fut inventée par un hollandais résidant en allemagne : le Dr Arthur Scherbius. Son modèle A ou Chieffrienmaschinen Aktien Gesellschaft (à tes souhaits), au départ construit à des fins commerciales fut présenté à Berne en 1923 mais valait l'équivalent de 30 000 euros, d'où son échec total. Game over.
Son idée n'est pourtant pas abandonnée et récupérée par le méchant ministère de la guerre allemand pour être transmis à la Wehrmacht le 12 janvier 1937.
Sauf que, pas de bol, les français et les polonais travaillaient également au cryptage depuis les années 30, aidés par un shol'va ami :Hans Thilo Schmidt.
Résultat des courses, Sable arrive en tête et surtout les allemands s'en prennent plein dans la gudule vu qu'en 39, les alliés savent déchiffrer les messages d'Enigma. Les British s'en occupent mais aussi nos chers ancêtres qui de toute façon sont plus beaux, sous le nom d'opération Z comme Zorro (enfin cela dit, eux ils mettent pas Zorro...Ils ont tort) et Code Ultra pour les Anglais (pffff, sont pas originaux, hey les nuleuhs !). Mais bon, c'est l'Europe avant l'heure, on travaille tous main dans la main pour déchiffrer les codes des messants (je dois avoir un problème avec les notions de bien et de mal, j'ai l'impression de bloquer sur le mot méchant...). Alan Turning, l'inventeur de notre bien-aimée informatique dirigeait ces travaux. Des Z étaient attribués aux messages en fonction de leur importance : 1 Z signifiait "continuez de jouer aux cartes, vous avez le temps", 5 Z était égal à "Run, Frodo, Run !" et signalait donc un danger immédiat encore pire que des Huruk-Haï, si, si !
Ouais mais ensuite ça se corse, parce qu'en 42, la petite soeur naît. Et une nouvelle Enigma fut. Et là, ben les alliés, ils balisent. Parce qu'ils pigent que dalle pendant onze mois.
Le dernier message trouvé en Norvège disait : "Le Fürher est mort. Le combat continue".

Fonctionnement : source : Comment ça marche ?

Enigma possédait un fonctionnement particulièrement simple : l'objet était équipé d'un clavier pour la saisie du message, de différentes roues pour le codage, et enfin d'un tableau lumineux pour le résultat.

A chaque pression d'une touche du clavier, une lettre du panneau lumineux s'illuminait. Il y avait ainsi 3 roues de codage, appelées « Brouilleur Rotor », qui reliaient le clavier au panneau lumineux.

Par exemple, avec un seul rotor, lorsque l'on appuie sur B le courant passe par le rotor et allume A sur le panneau lumineux :



Pour complexifier la machine, à chaque pression sur une touche, le rotor tourne d'un cran. Après la première pression on obtient donc :



Suivant les modèles ( M3 ou M4), le système était muni de 3 ou 4 rotors. Les deuxième et troisième rotors avançaient d'un cran quand le premier avait fait un tour complet. Il y avait aussi un tableau de connexion qui mélangeait les lettres de l'alphabet et un réflecteur qui faisait repasser le courant dans les rotors avant l'affichage.

Au final, pour des machines Enigma équipées pour 26 lettres, il y avait 17 576 combinaisons (26 x 26 x 26) liées à l'orientation de chacun des trois rotors, 6 combinaisons possibles liées à l'ordre dans lequel sont disposés les rotors, soient 100 391 791 500 branchements possibles quand on relie les six paires de lettres dans le tableau de connexions : 12 lettres choisies parmi 26 (26! /(12!14!)), puis 6 lettres parmi 12 (12!/6!), et puisque certaines paires sont équivalents (A/D et D/A), il s'agit de diviser par 26.

Les machines Enigma peuvent donc chiffrer un texte selon 1016 (17 576 * 6 * 100 391 791 500) combinaisons différentes !


Les Polonais inventèrent « la Bombe » (rebaptisée plus tard « Ultra ») qui permettait de connaître les réglages Enigma. Seulement, à partir de 1938, c'est l'opérateur lui-même qui établissait le réglage. Pour remédier à ce problème, les polonais trouvèrent la solution: chaque message contenait soit une répétition de mots soit des mots récurrents (appelés « femelles »).

Ceci était un indice quant au noyau (réglage de base des rotors). Pour découvrir ce réglage, les Polonais utilisaient ensuite la « Grille » (cartes perforées correspondant à toutes les permutations du noyau). Ces cartes étaient empilées les unes sur les autres par rapport à la position des « femelles ».

Ensuite, il s'agissait de chercher le point où une série de perforations se recouvrait du haut en bas de la pile.

Retour à moi qui écris :
Bref Enigma, moi ça me fait tripper. Ah on reconnaît tout de suite que c'est moi qu'écris hein ?

Bon évidemment, ce que je dis n'est pas exhaustif, il y a tant à raconter sur ce magnifique sujet donc ptêt que j'ajouterai des compléments plus tard...Non ne fuyez pas !!!!.

De l'utilité de la cryptographie dans la vie de tous les jours

Outre le plaisir immmmmmense de faire des titres pompeux, la cryptographie peut s'avérer très utile quand, par le plus grand des hasards, vous tombez sur un forum qui vous bouleverse. Et quand vous vous appelez Lugvar et Miranda, vous auriez besoin d'une cure de désintoxication pour ne plus être méchantes (vous voyez, encore le mot méchante...).
Mais vous tapez tous ceux qui vous proposent ça, parce que se moquer, c'est tellement plaisant. D'autant que si la personne en face ne le sait pas, ça ne lui fait pas de mal.

Ainsi donc, nous nous trouvâmes sur un forum d'écriture dont vous avez pu admirer quelques oeuvres dans ce topic.

Au début, écrire des poèmes dans tous les vers possibles, dans le ton le plus niais imaginable (suscitant automatiquement une critique aussi avisée et pertinente que "Super", "J'adore", "c'est jolie" -oui, oui, UN poème est joliE- ) vous semble très amusant. Et puis rapidement, cela devient lassant. Et pourtant vous sentez que ce forum est un réservoir à jeux divers et variés.
Aussi, vous entrez en résistance. Je dois l'admettre, c'est Lugvar qui a eu l'idée, libérant automatiquement mon enthousiasme.
Et nous voilà donc en train de rivaliser d'ingéniosité pour écrire des poèmes avec un message selon l'application littérale du mot cryptographie qui comme l'indique hermaïon se décompose ainsi : krúpto = je cache, grápho = j'écris.Merci Hermaïon, on s'en sortait très bien sans toi, réintègre ta bibliothèque et fous-moi la paix.
Le jeu commence très simplement par la rédaction de poèmes "acrostiches", ainsi que le déclare doctement mon nouvel ami Méandros :


Bien sûr, ces petits messages sont anodins. Et c'est là que le jeu se complique. Après le concours de niaiseries, voici le concours de messages, suivant des codages de plus en plus délicats, allant parfois jusqu'à insérer deux, voire trois phrases cachées (et le concours de réponses à ces débilités qui indiquaient parfois clairement qu'il y avait une subtilité à déchiffrer...) :



Je n'ai mis là que quelques exemples puisque nous avons mis un point d'honneur à perfectionner et compliquer chaque fois les codes, d'où des poèmes souvent incompréhensibles (domaine dans lequel j'excelle, j'avoue)...:



J'ai même agi ainsi dans un de mes articles ici...Pas dans celui-là...La flemme...
Oui je sais, on est très très méchantes. Shame on me et on Lug aussi. Mais qu'est-ce que c'est drôle ! Et encore, là j'ai été gentille : je n'ai mis que des poèmes dont vous pouviez lire les messages cachés grâce à ce que j'ai écrit avant. Encore qu'en cherchant bien, je suis sûre que la première méthode dont je vous parlais (l'addition de chiffres) est utilisée mais en plus d'autres techniques donc il y a toujours au moins une phrase que vous pouvez trouver (si vous n'avez que ça à faire...).

En conclusion, la cryptographie, ce n'est peut-être pas top fashion, mais c'est top drôle quand vous vous ennuyez lors d'un concours, d'un devoir et que vous ne savez pas quoi écrire. Faites des poèmes et allez les poster sur un forum. C'est tout bénéf : vous le faites vivre, ce qui fait la joie de la créatrice et vous vous amusez. La vie est bien faite.

Tout ça pour bien vous montrer que le cryptage peut servir aux littéraires. Bien sûr, la poéticité des résultats obtenus est extrêmement contestable. Aussi, laissez vos aspirations lyriques à l'entrée, sans quoi vous allez devoir vous trucider vous-mêmes si vous pensez écrire de la poésie (et si ce n'est pas vous qui vous tuez pour ce blasphêêêêêêêême, je connais quelqu'un qui le fera).

Moralité (oui, oui y en a une) : l'amusement sadique a de beaux jours devant lui. (ah ben non...y en avait pas)
Et la cryptologie m'intéresse de plus en plus, bien que pas matheuse du tout. Na !

En tant que méchante professionnelle, je tiens à apporter une petite contribution inutile au magnifique exposé de ma consoeur:

JEU

Voila une chose que je destinais au forum infiltré, jusqu'à ce qu'un adepte de l'acrostiche arrive...