TBTC [boîte de chewing-gum]

TBTC [boîte de chewing-gum]

«Parce que votre sourire est important, PASDEMARQUE a crée Blancheur parfum citron».
Le créateur insiste immédiatement sur la relation qui le lie au destinataire, justifiant sa créaction par le pronom «votre». Il s'agit de se mettre au service du consommateur et de ses supposées attentes. Je me permets de bouleverser l'introduction classique d'une dissertation afin d'entrer dans le vif du sujet (autrement dit, ce que j'ai écrit avant est inutile).
Je n'ai ni bu, ni fumé, ni pris quoi que ce soit qui puisse expliquer cet article surprenant (désolée).
Je suis profondément désolée de ce pétage de plombs mais ça m'a pris d'un coup et je n'ai pu y échapper (désolée).
Les études littéraires sont éminemment nocives pour la santé mentale de certains sujets (désolée).

I. La genèse du TBTC
1)-le dilemme du demi-pensionnaire
a)-Le problème original
Le statut de demi-pensionnaire implique de trouver des moyens pour pallier l'absence de brossage de dents le midi, à moins d'aimer aller au lycée ou à la fac avec sa brosse à dents et son dentifrice. M'enfin avouez que ce n'est pas très pratique, que la vue des lavabos des toilettes est très dissuasive et que le but n'est pas que vous rendiez votre repas (du moins pas tout de suite), d'autant que vous avez probablement fait fuir les quelques personnes de la pièce...et qu'à part le fait d'ennuyer quelqu'un, vomir n'est pas très ragoûtant.
b)-l'avantage du problème
Certes, ne pas se laver les dents peut présenter un avantage certain quand, en prépa, Tartanpion, que vous n'aimez pas s'assoit à côté de vous. Après une tentative fatale, récompensée par des relents de saucisse-frites, le déjeuner quotidien des restos U, il vous laissera tranquille. Et avec de la chance, il ne viendra plus jamais s'asseoir à côté de vous. J'avoue n'avoir pas testé la méthode, dans la mesure où personne de sensé ne chercherait à m'avoir pour voisine.
c)-la gêne pour soi-même
Même si vous ne vous risquez pas à manger au resto U, vous n'êtes pas resté à jeun et vous voudriez bien vous débarrasser de ces odeurs vomitives qui pourraient compromettre vos discussions de l'après-midi. Cela peut paraître futile mais n'oubliez pas que vous êtes maintenant à la fac, et que s'il y a un travail fou à faire à la maison (mais on le cherche encore), les cours sont rarement passionnants...Or, depuis que vous avez une voisine que vous appréciez, les dialogues sont infinis et vous ne voulez pas en faire une Tartanpionne.
2)-la solution du dilemme
a)-la création du chewing-gum
N'oubliez jamais que le monde capitaliste est bien fait. Après la deuxième guerre mondiale, la pâte à macher arrive en France et envahit les bouches. Elle se démocratise au point de devenir le symbole du jeune nonchalant, voire insolent si l'on en juge par l'aversion des professeurs du secondaire pour cette substance qui finit invariablement à la poubelle. On ne soulignera jamais assez le manque de respect des adultes envers les pratiques adolescentes qui relèvent du véritable rituel.
b)-Le consommateur, une cible à embrouiller
La complexité inhérente au commerce veut que vous ayez un éventail de choix de chewing-gum différents. A première vue, cela pourrait bloquer les gens qui, face à une multitude de projets se découragent, ne sachant par lequel commencer. Cette tactique serait très mauvaise de la part du commercial. Il n'est pas question de vous empêcher de consommer mais au contraire de vous inciter à tester les différents produits afin de trouver celui qui vous convient le mieux.
c)-la nouvelle tendance : le sans-sucre
Après les chewing-gum bourrés de sucre, les nouveaux critères fashion conduisent à la création d'une belle arnaque, le sans sucre, vivement recommandé par l'Union Française de la Santé Banquaire à Découvert, en complément du brossage que vous ne faites pas. Et comme cela ne suffit pas, apprends, ami mouton que si tu maches cette chose, tes dents seront plus blanches, ton teint plus satiné et cette pâte développerait ton intelligence (mais cela reste à vérifier).
3)-l'appellation du TBTC
a)-un certain type de chewing-gum
Critiquer tous les chewing-gum serait une expérience délicate, impliquant qu'on les ait tous testés, ce qui n'est pas mon cas. Ainsi, je tiens à vous faire découvrir le chewing-gum TBTC. Je ne dévoilerai pas la marque concernée mais sachez que Tim Burton a fait une pub pour eux (et non, je n'en ai pas marre de toujours tout ramener à Burton...et puis d'abord c'est pas vrai, je sais qu'il y a autre chose dans la vie...euh...) avec un petit nain de jardin qui s'enfuyait de chez lui et finissait par se baigner sous une cascade avec une jeune femme.
b)-la simplicité d'emploi
Eh bien, après les chewing-gum format pousse de bambou, découvrez la chose blanche rectangulaire facile d'emploi. Certes, elles font encore plus synthétiques que les classiques et si la chose apparemment comestible est plus pratique, ce n'est pas tout à fait le cas de sa boîte. Néanmoins, au nombre de dix, ces dragées vous accompagneront dans tous vos déplacements grâce à leur discrétion, et surtout elles risquent moins de terminer écrasées comme pouvait le devenir le nid des pousses de bambou.
c)-a star is born
Facilement dissimulables dans une poche (je précise que je me perds dans mes poches, c'est un critère pour acheter une veste ou un manteau), un sac voire une housse de portable (ben oui, je n'ai pas de portable, il faut bien que je trouve une utilité à ces trucs intégrés un peu partout -prochainement greffés sur les nouveaux-nés-), ces boîtes font leur apparition entre 12h30 et 14h après l'ingestion du menu étudiant, souvent réduit à un sandwich, une boisson et un cookie...Le repas n'est pas complet s'il ne s'accompagne pas de la prise d'une dragée enrobée de cire.

C'est dans un tel cadre qu'est née l'appellation TBTC, comprenez trop beau, trop con, désormais accolée à ces boîtes de dragées.

II.Trop beau...
1)-le design : alliance du pratique et de l'attrayant
a)-la couleur, accroche du regard
D'une hauteur de 5,8 cm environ sur 4,5 cm de largeur (et à peu près 1,2 cm d'épaisseur pour les pinailleurs), la boîte présente un design attrayant et pratique. On ne sait ce qui frappe en premier : l'alliance de l'argenté et d'une couleur vive et recherchée, variable selon les parfums (jaune pour le citron, vert pour la menthe, rouge pour la fraise...) attire très certainement votre regard et votre bouche envoie déjà des signaux de détresse afin d'atteindre l'étoile incrustée sur l'emballage.
b)-un symbole esthétique : la blancheur
Un "blancheur" sobre, bordé de la couleur du parfum, vise à vous encourager si vous êtes assez dupe pour penser que vous aussi, vous pouvez tester le sourire Tom Cruise® (après tout, niveau petite taille au féminin, je peux rivaliser alors pourquoi pas le sourire ? Comment ça, ce n'est pas un argument ? De toute façon, j'aime pas la Scientologie, y a le mot science dedans). Et l'arrière de l'objet vous confirme que mâcher PASDEMARQUE aide à conserver la blancheur naturelle de vos dents. Va falloir leur envoyer de la peinture pour qu'ils apprennent à quoi ressemble le blanc...
c)-un logo dynamique
Le logo, en rouge, se démarque automatiquement si vous n'avez pas choisi le parfum fraise (car du rouge sur du rouge, même si ce ne sont pas les mêmes nuances, ce n'est pas très malin...) et les petits triangles qui l'entourent créent une impression évidente de dynamisme qui aide à mettre la marque en valeur. Elle est d'ailleurs présente également à l'arrière et sur le dessus de l'emballage dès fois que vous l'ayez oubliée entre temps (quoique je ne sais pas si tout le monde s'amuse effectivement à lire tout ce qu'il y a écrit), c'est-à-dire trois fois en tout.
2)-la perfection
a)-la division du trois
Trois triangles (trois fois trois angles) de chaque côté, le central un peu plus gros et avancé que ses compères symétriques, la pointe vers l'extérieur, tel une fusée qui décolle, marquent la perfection intrinsèque de l'ouvrage par la récurrence du chiffre trois, tel un leitmotiv subtilement intégré à l'ouvrage. On ne le repère pas forcément tout de suite mais il s'insinue inconsciemment dans votre inconscient...ouais...enfin il est là quoi et dès que vous voyez un trois quelque part vous pensez aux chewing-gum...(j'exagère ptêt un peu là mais que voulez-vous, il faut que j'équilibre mes parties -ah c'est bon...-).
b)-le trois, chiffre phare du plan
Le chiffre trois est le symbole de la réussite. Oui, oui, quarante-deux est la réponse à l'univers. Mais trois est la précision. Un plan est nul s'il ne comporte pas trois points, chacun divisé en trois parties, elles-mêmes composées de trois sous-parties. D'où j'ai divisé cet article ainsi (enfin j'ai élaboré le plan après avoir écrit un premier jet, ce qui est une façon de faire normale chez moi...bienvenue dans mon monde absurde que j'essaie désespérément de cacher la plupart du temps).
c)-le trois dans la vie quotidienne
Et plus généralement, il est évident que le trois est l'emblème de la vie quotidienne. On n'imagine pas les trois petits cochons être quatre, cela ferait désordre (et ils risqueraient de se diviser en deux et deux...bouuuuuh, c'est pas bien. Je sais, on dit souvent que quand des gens sont trois il y en a toujours un qui est à l'écart et ...ok je m'allonge. Allô Freud ?). Si cela ne vous convainc pas, observez que les dépositions à la gendarmerie se font obligatoirement en trois exemplaires (et c'est pénible de signer six pages...n'importe quoi, c'est pas une expérience personnelle).

Ce qui vous décidera à acheter, je l'ai gardé pour la fin, pour illustrer ce que le littéraire aime appeler l'effet d'attente, dont le but est contenu dans l'appellation et n'aura pas manqué de vous sauter aux yeux mais qui risque malheureusement, quand il est exagéré de vous faire oublier le début de la phrase qui, je vous le rappelle donc, était que ce qui vous décidera à acheter est l'ajout : sans sucres.
3)-le petit plus : sans sucres
a)-le contraste visuel
Le contraste est immédiat car cette précision apparait sur la partie supérieure de la boîte, de biais, en police plus grosse...euh nan, pardon madame la gendarme !, en caractères plus épais que les autres mots (notez aussi le nombre important de mots sur une si petite surface). La blancheur des lettres semble établir un lien entre le fait que votre chewing-gum est "sans sucres" et qu'il vous ouvre la voie vers le monde manichéen de Tommy. Tout est entièrement étudié je vous assure.
b)-le contraste grammatical
De plus, alors que le reste est singulier, le mot "sucres" introduit le pluriel dans cet élément rectangulaire, sans qu'on comprenne bien pourquoi d'ailleurs. Il est prévu que cette perturbation retienne votre regard : c'est la stratégie marketting. Autant le logo de la marque est important, autant il faut trouver le moyen de vous amener à vous intéresser à autre chose et de vous amener à acheter le produit sans que vous sachiez très exactement pourquoi (et pourtant vous trouverez toujours des justifications).
c)-la stratégie marketting
Non seulement votre gomme n'a aucun sucre (donc le "s", marque du pluriel, est inutile, et même grammaticalement incorrect) mais en plus, elle n'en a pas plusieurs dites donc ! Ainsi, vous vous rassurez inconsciemment : ce chewing-gum ne peut pas me faire de mal, il m'épargne l'ingestion de différentes sortes de sucres. Lesquelles ? Aucune idée. Mais on ne vous demande pas de le savoir.
Vraiment, merci le bois de houx !

III. ...Trop con
1)-l'élément perturbateur : le défaut
a)-l'absence de bec verseur
Hélas, trois fois hélas (tiens, trois fois), cette petite boîte comporte un défaut non négligeable: contrairement à la bouilloire, elle n'a pas de bec verseur, ce qui se conçoit assez aisément, car elles n'ont pas les mêmes fonctions. Et, je l'avoue, bien que je me sois découvert une passion récente pour les bouilloires, ce n'est pas le sujet de mon article (et pourtant il y a beaucoup de choses à dire sur une bouilloire -je peux arrêter de m'enfoncer là non ?-). En plus, une bouilloire, c'est vachement moins pratique à transporter.
b)-objection sensée
Oui bah et alors ? me demandera une personne sensée qui se dit que j'ai pété un plomb et qu'on se fiche royalement qu'une boîte de chewing-gum n'ait pas de bec verseur (en même temps, je doute que quiconque ait eu l'idée de lire ça jusqu'au bout). J'avoue que cette objection peut éventuellement être raisonnable, contrairement à moi. Mais peut-être est-elle un peu trop terre à terre de la part de quelqu'un qui ne comprend rien à l'essence de la vie (c'est-à-dire à l'affectivité, comme le dit Michel Henry dans Autodonation...euh non pardon).
c)-réponse absurde
Et alors c'est primordial ! Le repas vient de se terminer, vous avez jeté le sac plastique à la poubelle et vous sortez triomphalement de votre poche/sac/housse/whatever (enfin pas trop whatever quand même) la boîte salvatrice. Deux choix s'offrent à vous : égoïstement vous prenez votre chewing-gum sans en proposer autour de vous, sachant pertinemment que votre amie n'aime pas les moules (oui, quand on est égoïste, on rejette aisément la faute sur les autres); ou alors dans un élan de générosité vous tendez la boîte vers vos comparses qui avancent leurs mains.
Et là c'est le drame.
2)-la boîte intelligente
a)-la trahison de l'égoïsme
Ce qu'on ne vous a pas dit, c'est que si cette boîte a été intelligemment pensée, elle pense intelligemment (ahem). Elle peut donc vous trahir en refusant de laisser tomber le moindre chewing-gum dans la main avide, révélant ainsi votre désir profond de ne pas partager votre dragée au citron préférée. Vous aurez beau vous en défendre, tout le monde aura compris que vous ne vouliez pas rompre l'exclusivité que vous entretenez avec cette boîte si particulière (et y a pas qu'elle).
b)-la révélation de la générosité
L'effet inverse est également une expérience intéressante : dix dragées c'est peu. Je vous vois venir : les dix commandements aussi étaient dix, et là c'est beaucoup. Certes mais on parle de chewing-gum...Bref, la situation est la même : vous inclinez la boîte et là ce n'est pas zéro ou une dragée qui tombe mais trois ou quatre selon le degré d'entamage de la boîte (oui ça se dit entamage si j'en ai décidé ainsi). Cela montre votre générosité intrinsèque : alors que vous vous contentez d'un élément, vous l'offrez en triple ou en quadruple à votre ami. Que c'est touchant.
c)-la volonté de posséder
Néanmoins, j'aimerais faire intervenir un bémol (n'empêche c'est quoi cette discrimination envers les bémols ? On ne dit jamais qu'on va faire mettre un dièse...pfff) : cette expérience démontre aussi votre désir de posséder, votre volonté d'affirmer votre propriété en conservant l'objet sur votre territoire. Je l'ai acheté, je le garde en main et je décide si je l'incline de dix degrés ou plus, ou moins.
3)-éviter le "trop con"
a)-importance de votre image
Il est primordial de conserver votre apparence de personne sensée, intelligente, et raisonnée (comment ça j'ai cassé tout ça en un article ? Too bad). Ainsi, vous devez trouver un moyen pour échapper à ce problème de la boîte intelligente qui risque fort de vous faire passer pour un(e) imbécile qui n'est pas fichu(e) de donner un chewing-gum.
b)-l'amitié dans l'épreuve
L'amitié est un sentiment que beaucoup de gens décrivent comme "noble". Ouais, mais moi je pense qu'on n'a pas fait la révolution française pour rien, ce qui n'a rien à voir, c'est vrai. Cela dit, je vous assure que l'amitié est beaucoup plus drôle dans l'affrontement, le cassage (sport national), les digressions idiotes et les articles bouleversants.
c)-la solution
Ainsi, puisque il est évident que vous ne souhaitez pas être pris(e) pour un(e) idiot(e), au lieu de chercher à tout prix à diriger les opérations, donnez la boîte à votre ami(e) et laissez-le (la) se débrouiller avec. C'est lui (elle) qui aura l'air bête. Et tout le monde est content : non seulement vous préservez votre image mais en plus elle en sort grandie parce que vous passez pour une lumière en comparaison de votre entourage. CQFD.

Bien que les boîtes TBTC ne soient pas parfaites, il semble extrêmement difficile de vivre sans (je ne dors pas avec quand même) une fois qu'on en a l'habitude (désolée). Alors que vous pourriez crier au scandaaaaaaaale parce que j'ai crée un topic complètement inutile ou puéril, je voudrais insister sur le fait que la vie quotidienne est faite de ces interrogations existentielles qui font progresser sur le chemin de la connaissance, quoi qu'on en dise (désolée). En effet, grâce à cela vous pouvez constater que, non seulement j'ai utilisé un style journalistique, comme dirait un de mes anciens professeurs de philosophie (à mettre des "je" / "nous" / "vous" partout) mais en plus j'adhère à cette idée que les bêtises commerciale et humaine n'ont aucune limite (désolée).